La working girl bouscule le dress code

L’expression working girl célèbre aujourd’hui plus que jamais la femme active dans le monde de l’entreprise et de la finance. Et depuis qu'elle a entamé sa conquête des sommets de la hiérarchie professionnelle, cette femme a un allié : le créateur de vêtement. 

Les premiers à créer des coupes masculines gonflant les épaules à bloc sont Yves Saint-Laurent et Thierry Mugler. La power woman foule désormais le tapis en pantalon et stilettos, et assume fièrement sa place auprès des hommes ! 

Dans ce contexte, comment assumer son style tout en respectant les règles de l'entreprise ?

Le vêtement a ses codes.

La sociologie nous apprend que l’industrie de la mode s’est adaptée aux désirs vestimentaires de la société : on s’habille pour se définir et se distinguer, en cela le vêtement est un langage à la fois commun et individuel pour exprimer tout à la fois notre appartenance au groupe et sa propre individualité. Il engage nos identités et nos imaginaires. Il nous rassure, nous protège, et nous fait rêver. Il existe des règles explicites, des normes vestimentaires, depuis que l’homme est en mesure de s’habiller. On nous pousse à faire corps avec le groupe, à « rentrer dans le moule ». A porter des uniformes et suivre les codes recommandés par la société, en particulier par celui du monde du travail. 

Malgré tout, pendant que les nouvelles générations s’affranchissent des codes, nous continuons sans le savoir à répondre à des usages et pratiques communautaires implicites. Le vêtement tel un langage parle de la culture d’entreprise, de ses valeurs, de sa vision, et doit en représenter l’image de marque. Regardez comment les employés d’une entreprise sont habillés, et vous comprendrez quelle en est la vision. 

La professeure d'université et militante féministe Roxane Gay a parfaitement résumé ce constat dans son best-seller Dress like a women : "Quand j'ai commencé mes études supérieures, je me suis dit que quand je deviendrai prof je devrais porter des costumes au travail, je devrais correspondre à l'idée que l'on se fait de quelqu'un qui possède un doctorat, quelqu'un qui a la qualification nécessaire pour gérer une classe".

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La créativité vestimentaire : une révolution. 

Avec l’arrivée des « millenials », ces normes sont aujourd’hui bousculées par une envie de montrer davantage sa singularité. Ils n'hésitent d'ailleurs plus à venir aux entretiens d’embauche en basket et t-shirt, revendiquant une coolitude inspirée par cette nouvelle génération de leaders tels que Mark Zuckerberg portant son célèbre hoodie même lors des évènements les plus formels. Ils mettent au goût du jour la mode streetwear et font du « casual Friday » une norme intemporelle. 

Une enquête publiée dans la revue Social Psychological and Personality Science a d'ailleurs montré que plus les règles vestimentaires sont souples et flexibles, plus le collaborateur obtiendra de meilleures performances. Travailler dans des vêtements confortables et personnalisés aurait donc comme impact de favoriser la créativité et développerait le potentiel ! Certains secteurs en ont semble-t-il déjà compris les bénéfices, et surfent sur cette vague, notamment les milieux créatifs, de la communication, ou des start-up. Exprimer son style propre au travail favoriserait ainsi le bien-être et nous rendrait naturellement plus performants.

Un power dressing d’un nouveau genre.  

L’évolution des normes offre aujourd’hui bien plus de liberté, surtout aux femmes, qui ne sont plus obligées de porter des tailleurs strictes et noirs pour incarner l'autorité. Les règlements n’interdisent plus que rarement de faire ses propres choix vestimentaires tant qu'ils permettent de travailler dans des conditions confortables et adaptées.

La quête de la légitimité, de la compétence, de la « place à avoir » n'a pourtant pas fondamentalement changé. Les femmes cherchent encore à constituer un power dressing pour booster leur confiance et gagner en assurance pour affronter leurs responsabilités quotidiennes. 

 Et si un power dressing était finalement un dressing qui représente la femme telle qu’elle est ? Dans lequel elle trouve sa liberté et développe ses potentialités ? Se sentir légitime dans ses vêtements parce qu’ils expriment naturellement sa singularité. Peu importe que le tailleur soit rouge ou noir, la robe courte ou longue, pourvu d’assumer tout en étant alignée avec les valeurs de l’entreprise pour laquelle elle a choisi de travailler.  

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